Quel est le prix d'une photographie d'architecture?
/Question délicate à laquelle il n'est pas simple de répondre par une réponse unique. De quel type de photo s'agit-il? architecture intérieure, décoration, reportage extérieur, hôtelière, espaces commerciaux, immobilière? Pour quelle utilisation et avec quel niveau de rendu?
Avertissement : les prix cités dans cet article sont donnés à titre indicatif et peuvent varier d'un photographe à l'autre. Certains facturent un reportage, d'autres proposent un prix à la photo, d'autres encore un prix à la journée (entre 800 à 1500€ et plus, nombre de photos illimité ou non) ou la demi-journée. Certains reportages peuvent nécessiter une prestation de stylisme (de 600 à 800 € la journée) et la location de mobilier et d'accessoires de décoration ou de matériel de prise de vues ou d'éclairage complémentaire.
Des écarts de prix importants
Nos clients sont confrontés à une offre photographique pléthorique sur internet avec une variété de prix allant de 5€ à plusieurs centaines d'euros par photo. Pour un reportage d'une douzaine de photos, certains proposent un prix de moins de 100€ là où d'autres demanderont jusqu'à 5000€ et il est difficile pour un client de s'y retrouver devant de tels écarts. On imagine que la qualité ne sera pas la même mais est-ce que cela justifie de telles différences de prix? Un autre écueil de plus en plus fréquent est que certains prestataires se positionnent sur des projets avec des prix et des prestations inadaptés, comme par exemple la réalisation de photos immobilières pour des projets d'architecture intérieure, ce qui renforce l'incompréhension des clients vis à vis des offres de prix.
Alors qu'est ce qui détermine le prix d'une photo? L'utilisation finale de la photo? le support de diffusion? Le rendu esthétique? La qualité technique? L'expérience du photographe? Sa notoriété? Le prestige du client? Son budget? Le temps consacré à la prise de vue et à la post-production?
Je serai tenté de répondre "un peu tout cela" et si il est clair que la notoriété du photographe et le prestige du client sont des éléments subjectifs il est plus facile de parler de qualité même si l'esthétique est en partie une affaire de goût.
Il n'y a pas de secret, réaliser une bonne photo prend du temps et comme tout prestataire de service, nous élaborons nos tarifs en fonction d'un prix de revient tenant compte du temps passé en prise de vues et en post-production, de la diffusion de la photo, éventuellement de droits d'auteur, de nos actions marketing, de nos charges de fonctionnement, de nos investissements en matériel, et de notre rémunération.
Quelle photo pour quelle utilisation?
Le diaporama suivant présente pour un même cadrage, différentes qualités de rendus :
* HDR (High Dynamic Range) : image composée de plusieurs photos prises à différentes expositions pour restituer l'ensemble de la plage dynamique d'une scène, des zones les plus sombres à celles les plus lumineuses. L'assemblage peut être réalisé automatiquement par un logiciel ou manuellement pour une maîtrise parfaite du rendu de l'image.
Bien que nous aimerions en tant que photographe proposer pour chaque projet le plus haut niveau de qualité possible, il est évident que nous devons adapter nos propositions à l'utilisation qui sera faite de la photo. La qualité d'une photo de décoration ou d'architecture intérieure sera supérieure à celle d'une photo immobilière. La photographie hôtelière de standing demandera une qualité de rendu irréprochable tout comme la photo d'espaces commerciaux dédiés aux marques de luxe.
La photographie de décoration ou d'architecture intérieure - de 70 à 100€ et + la photo
Une photographie de décoration ou d'architecture intérieure a pour objectif de mettre en valeur le travail du décorateur ou de l'architecte ainsi que la qualité des matériaux, mobiliers et accessoires de décoration.
Pour ce type de reportage, mieux vaut privilégier la qualité à la quantité et pour un architecte par exemple, une dizaine de photos sera suffisante. Ces photos ont vocation à durer et doivent présenter le savoir-faire du créateur. Je vois de plus en plus d'architectes qui font appel aux prestataires low cost, mais la vocation de ces services est de proposer des photos immobilières et non d'architecture. Le résultat est extrêmement pauvre en terme de qualité de composition, de cadrage, de lumière, de contrastes, de respect des couleurs et dévalorise le travail de l'architecte. Toutes ces photos se ressemblent, et au final l'objectif de mise en valeur n'est pas atteint. Ceci est d'autant plus vrai lorsque les agencements, mobiliers et accessoires choisis sont proches d'un architecte à l'autre.
L'utilisation d'objectifs adaptés et le travail de cadrage et de composition permettent d'obtenir des images équilibrées aux perspectives harmonieuses, le but n'étant pas contrairement aux photos immobilières de montrer l'ensemble d'une pièce, mais de traduire l'intention du créateur en terme esthétique et fonctionnel.
Cet effort de mise en valeur passe par une composition soignée qui requière un travail de stylisme simple réalisé par le photographe ou élaboré grâce à une prestation extérieure. L'agencement peut être modifié, et le mobilier et les accessoires de décoration déplacés.
Le reportage doit contenir des plans larges, des plans serrés et des plans de détails aux cadrages rigoureux. Le respect des couleurs est primordial, ainsi que le rendu des textures et la cohérence des éclairages.
Un rendu soigné
Le rendu final se doit d'être très qualitatif et la perte de détails provoquée par les reflets sur les surfaces brillantes (parquets, carrelages, tables, cadres, etc) et les halos lumineux autour des fenêtres est traitée lors de la prise de vue en utilisant des éclairages complémentaires adaptés.
Lumières allumées ou lumières éteintes?
Bien qu'elles ne soient pas obligatoires, les lumières disponibles tel que appliques, lampes, suspensions, etc., vont relever textures et couleurs et apporter de la profondeur à la photo.
Les lumières devront rester discrètes et on évitera les surexpositions qui pourraient distraire le regard.
Le travail en lumières allumées augmentera le travail de post production pour équilibrer les dérives de couleurs introduites par les températures de lampes différentes.
Photographie de décoration ou immobilière?
Il y a quelques mois une cliente architecte me contacte déçue par des photos réalisées par un prestataire à bas coûts. Nous prenons rendez-vous pour refaire un shooting d'une dizaine de photos qui durera plusieurs heures suivi d'une post-production d'une journée.
Au delà du manque de qualité proposé par ces services à bas coût, un autre écueil est l'absence d’homogénéité d'une séance de prise de vues à l'autre, l'intervenant étant rarement le même.
Un séance de prise de vie est un travail commun entre le photographe et son client. Lors de la première séance nous apprenons à connaître ses attentes et ses préférences de cadrage, d'ambiance et de rendu. En travaillant avec une station déportée (tablette ou ordinateur portable), chaque plan est validé en terme de cadrage et de composition. Le client participe pleinement à la réalisation de ses photos et la confiance instaurée au fil des reportages transforme les séances de travail en moments de partages propices à la créativité.
La photographie immobilière - de 5 à 40€ et + la photo
Pour des photos immobilières, le temps de prise de vues ira de 30 à 45 minutes pour une qualité low cost, et jusqu'à 2 heures pour une qualité Prestige. La post-production prendra moins de 5 minutes par photo pour une qualité d'entrée de gamme, à 15 minutes pour une qualité supérieure.
En fonction de la qualité souhaitée, la durée totale pour un reportage immobilier d'une douzaine de photos variera de moins de 90 minutes à plus de 3 heures, un rapport de 1 à 3. Là où certains proposent 75€, le coût sera de 250 à 300€ pour d'autres.
Comment un tel écart est-il possible ?
Dans le premier cas le photographe se positionne dans l'angle de la pièce avec un appareil équipé d'un objectif ultra grand angle, cadre sommairement et déclenche entre 5 à 8 clichés pour couvrir la plage d'exposition entre les zones les plus claires et les plus sombres. C'est rapide mais laisse peu de place à la composition et à la gestion de la lumière. Les photos sont ensuite assemblées automatiquement par un logiciel qui ne se soucie guère du respect des couleurs, des contrastes et des textures.
Dans le second cas, le photographe va travailler chaque plan en terme de composition, de cadrage et de gestion de la lumière. La post-production sera manuelle, chaque image étant ajustée à l'aide d'un logiciel spécialisé pour un rendu naturel et fidèle.
La qualité finale de la photo entre les 2 approches sera très différente mais tout est question de relativité. Est-il nécessaire d'investir 300€ ou plus pour des photos qui n'auront pas vocation à être utilisées au delà de la vente du bien immobilier? Est-il raisonnable de consacrer le même budget pour un bien de 100 000€ que pour un bien à 2M€? Mais à l'heure où un grand nombre d'acquéreurs font appel à un photographe professionnel, n'a t-on pas intérêt à dépenser un peu plus pour se démarquer?
Au delà de ces questions qu'un client doit légitimement se poser, la difficulté est de lui donner le bon niveau d'information. Il est facile de lui dire que c'est plus cher parce que la qualité est meilleure, encore faut-il le prouver ce qui est loin d'être simple à priori.
Voici 2 reportages d'un même appartement proposé par 2 agences immobilières concurrentes:
La qualité des photos aura un impact important sur la performance des d'annonces diffusées sur un site spécialisé en immobilier. Dans le cas de cet appartement, les annonces sont affichées l'une à la suite de l'autre et les photos ayant le plus d'attrait conduiront les visiteurs à cliquer majoritairement sur la première, engendrant plus de visites et lui donnant un avantage pour la conclusion de la vente.
La photographie de location saisonnière - de 40 à 70€ et + la photo
Située entre la photographie immobilière et la photographie de décoration en terme de qualité et de prix, les reportages de biens dédiés à la location saisonnière mettront en avant une ambiance par des cadrages larges, serrés et des plans de détails, l'objectif étant d'inviter le futur locataire à s'immerger dans le lieu. La qualité doit être élevée et la composition soignée, et ces photos ayant vocation à durer dans le temps seront rapidement rentabilisées.
Pour des biens de prestige une composition soignée avec des plans larges, serrés et de détails en lumière naturelle et éclairages d'appoints apporteront de la chaleur à l'ensemble des images.
Pour un reportage standard des plans larges en lumière naturelle seront privilégiés.
Pour une vingtaine de photos, le temps de prise de vues sera de 3 à 5 heures et d'une demi journée à une journée pour la post-production.
La photographie hôtelière de standing - de 70 à 100€ et + la photo
La photographie hôtelière de standing exige une qualité de réalisation et de post-production irréprochable. Les temps de prises de vues et de post-production sont allongés notamment avec la suppression totale des défauts et le lissage du linge de lit et de salle de bains.
La photographie d'espaces commerciaux - de 50 à 100 € et + la photo
On inclut dans l'appellation "espaces commerciaux", magasins, boutiques, concept stores, centres commerciaux, show rooms. La qualité souhaitée dépendra du prestige de l'enseigne.
Reportage d'architecture extérieure
La photographie de bâtiments en extérieur est soumise aux contraintes d'environnements et aux aléas climatiques. Ces éléments ainsi que le temps de préparation, de repérage , de prise de vues et de post-production entreront dans la détermination du prix du reportage.
La photographie aux heures bleues - de 120 à 180€ la photo
Photographier un bâtiment aux heures bleues, nécessite une préparation et un temps de réalisation entre 2 et 3 heures. Ces photos sont prises entre 20 et 30 minutes après le coucher du soleil, ou 20 à 30 minutes avant le lever, il est donc difficile de prendre plus d'une photo aux heures bleues par reportage. Réalisé dans la continuité d'une séance intérieure, le coût pour une photo sera de 120 à 180 €.
Les droits d'auteurs
La législation française protège l'auteur d'une photographie qui en reste le propriétaire et concède des droits pour une durée et une utilisation données. En théorie le photographe facture une prestation technique, la prise de vues et la post-production, à laquelle s'ajoutent des droits d'auteur en fonction de la diffusion de la photo (supports de diffusion, nombre d'exemplaires, durée de diffusion, zone géographique). En pratique et notamment avec la diffusion sur internet, il est difficile d'appliquer ces droits stricto sensu et il est courant de les forfaitiser et/ou de les intégrer dans le prix de la photo. Dans tous les cas, l'utilisation des photos reste soumise à autorisation.
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