Gestion de la plage dynamique (HDR) en photographie intérieure
/La plage dynamique
La plage dynamique représente l’écart de luminosité entre les zones les plus claires et les zones plus foncées d’une scène.
Cette plage est mesurée en IL (indice de luminosité), en Stops ou en Ev, et peut s’étendre à plus de 24 IL en fonction des conditions de prise de vue.
Un capteur d'appareil photo peut enregistrer des écarts de luminosité compris entre 12 et 14 IL. En comparaison, l’œil humain peut enregistrer des plages allant jusqu’à 24 IL grâce à l’adaptation de la pupille aux écarts de luminosité.
En photographie intérieure, les hautes lumières viendront des ouvertures (fenêtres, portes-fenêtres, vérandas, etc) et des éclairages disponibles (lampes, appliques, suspensions, spots, etc).
Dans des scènes intérieures à fort contraste le capteur ne sera pas capable d'enregistrer la totalité de la plage dynamique sur une seule image. Ces situations pourront être utilisées pour créer des images privilégiant les hautes ou basses lumières pour des rendus contrastés de type clair-obscur par exemple.
Si vous souhaitez enregistrer la totalité de la plage dynamique de la scène il faudra utiliser l'une des 2 techniques suivantes :
Utilisation de flashs studios ou flashs d'appoint lors de la prise de vue :
la solution consiste à exposer la scène pour les hautes lumières, ce qui aboutit à une image très sombre, et à remplir les zones sous-exposées à l'aide de flashs. Plus facile à dire qu'à faire, l'éclairage au flash demande un savoir-faire particulier pour en maîtriser les différentes caractéristiques et éviter d'obtenir des photos délavées, des reflets disgracieux, des points chauds, des zones d'ombres et/ou sur-exposées, des ombres dures (très marquées), etc.
L'éclairage d'un espace intérieur au flash nécessitera l'utilisation de plusieurs flashs dont il faudra équilibrer les puissances, gérer les emplacements en fonction des objets, mobiliers et revêtements pour éviter les ombres et les diffusion de couleurs des éléments du décor, ceci étant rendu encore plus compliqué dans un espace réduit par manque de recul pour disposer ses flashs. La mise en place d'un éclairage équilibré peut être un véritable casse-tête et très consommateur de temps.
L'avantage sera de limiter considérablement la phase de post-production, aussi bien pour la gestion de la plage dynamique que la correction de la balance des blancs.
L'éclairage au flash étant un vaste sujet, j'y consacre une formation entièrement dédiée.
Création d'une image HDR (High Dynamic Range) :
Cette solution consiste à prendre plusieurs photos d’une même scène à différentes expositions et à les assembler en post-production pour restituer une seule image couvrant la totalité de la plage dynamique.
L'image ci-dessous a été composée à partir de 3 images shootées en raw en utilisant un trépied :
En fonction de la qualité d'image attendue, plusieurs techniques d'assemblage peuvent être utilisées :
- Assemblage par logiciel HDR (Lightroom, CameraRaw, Photoshop, Photomatix, HDR Efex Pro, etc) :
Cette technique est à privilégier pour un travail rapide (photo immobilières standards par exemple) mais il est difficile de contrôler le rendu final de l'image. Pour ce type de photo j'utilise la fonction HDR de Camera Raw (ou Lightroom) qui donne un rendu naturel et laisse la main à l'utilisateur pour finaliser une retouche de qualité, le fichier HDR généré étant un fichier raw. Pour gagner du temps et réduire les problématiques de gestion de la balance des blancs, mieux vaut shooter sans éclairage artificiel (lampes, spots, etc).
- Assemblage manuel dans Photoshop :
Pour un rendu de qualité, l'apport d'éclairage par des lampes, appliques, spots, flashs, va rehausser les textures, contrastes et couleurs, mais également complexifier la post-production.
Pour un assemblage sélectif vous laissant la main sur cette opération, l'utilisation de logiciels HDR est déconseillé. L'assemblage se fera manuellement dans Photoshop ou logiciel équivalent, en utilisant les calques et masques de fusion (cf exemple suivant).
Cas particulier du traitement des ouvertures (fenêtres, porte-fenêtres, vérandas, etc) pour un rendu naturel :
Pour obtenir un rendu naturel dans une photo avec ouverture, plusieurs étapes sont nécessaires dans Photoshop.
Dans l'exemple suivant, après avoir ouvert dans Photoshop les 5 images nécessaires pour composer mon image finale, je lance la fonction "Chargement des fichiers dans une pile"
Je clique sur "Ajouter les fichiers ouverts" et je valide
Les fichiers ont été placés sur des calques que je réorganise en plaçant mon exposition de base en bas de la pile.
Je créé pour chacun des 4 calques supérieurs un masque de fusion opaque en cliquant sur l'icône "Ajouter un masque de fusion" tout en appuyant sur la touche Alt.
Les 4 masques étant opaques, seule mon exposition de base est visible
Avant d'appliquer un pinceau sur chacun des masques pour révéler le contenu des calques qui m'intéresse, je créé une sélection des ouvertures par un détourage précis réalisé à l'aide de l'outil Plume, d'un lasso ou tout autre outil de sélection. Je n'hésite pas à effectuer des zooms à 100% pour être le plus précis possible.
Je rends le contour de ma sélection progressif pour obtenir une transition plus douce
Je mémorise ma sélection pour la réutiliser ultérieurement si besoin
Je sélectionne le masque de fusion (et non le calque) sur lequel je souhaite intervenir
Je choisi l'outil pinceau
en fixant l'opacité à 100% et le flux à 2% ou plus en fonction de la scène à dévoiler
et la taille et la dureté par un clic droit tout en appuyant sur Alt et en opérant des mouvements de haut en bas pour régler la taille et de gauche à droite pour régler le dureté
Je sélectionne le blanc comme couleur d'avant plan
et j'applique mon pinceau par passes successives sur les zones que je souhaite révéler (ici la partie supérieure)
Je désélectionne la sélection (Ctrl D sur PC) et j'applique mon pinceau sur le calque me permettant d'éclaircir le fond de la pièce
En modifiant l'opacité des calques ou en appliquant un pinceau noir, je peux atténuer ces modifications, ce que je fais sur la partie extérieure qui me paraît trop sous-exposée. D'une façon générale, il faut prendre garde à ne pas sous-exposer les extérieurs ce qui donnerait un rendu irréaliste. On peut même les surexposer légèrement pour un rendu encore plus naturel.
Voici l'image finale après quelques retouches complémentaires (correction de la balance des blancs, contrastes, niveaux, accentuation de la netteté, etc)
En fonction de la qualité esthétique des extérieurs, on pourra être amené à largement sur-exposer cette zone pour suggérer sans tout montrer comme dans cet exemple :
Cas des ouvertures très fortement exposées :
Dans certaines conditions, larges baies vitrées, lumière extérieures très intense, etc, le flux lumineux entrant est tel qu'il est difficile de réaliser une photo avec la technique HDR seule. En effet, dans ces conditions de luminosité extrême, le flux de lumière nécessaire pour obtenir une exposition correcte de l'intérieur créera des halos autour des ouvertures et provoquera une perte de détails. Pour résoudre cette problématique, l'apport de flash sera nécessaire :
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