Le matériel en photographie d'architecture
/La photographie d'architecture possède ses propres particularités qui vont vous aider à choisir votre matériel de prise de vue.
Les domaines envisagés, architecture extérieure, architecture intérieure, design intérieur, photographie immobilière, vont également avoir un effet déterminant sur ce choix, ainsi que la destination de vos photos.
Je vous donnerai pour la suite les configurations minimum et le matériel que j'utilise.
Le matériel indispensable
L'appareil photo
Quel que soit le type, compact expert, hybride, reflex amateur, reflex expert, moyen format, grand format, tout appareil vous donnant la main sur l'ouverture pour le réglage de la profondeur de champs (zone de netteté) vous permettra de réaliser des photos d'architecture.
Dans le cas des compacts, assurez-vous de disposer d'une focale minimale équivalente à 24 mm. La possibilité de générer des fichiers raw est un plus pour la post-production.
Mon équipement
Boîtiers Nikon professionnels plein format équipés de capteurs de 46MPx et 36MPx permettant de gérer une plage dynamique jusqu'à 14 IL et de shooter des fichiers de qualité pour une sortie Web ou une impression optimale jusqu'au format A1.
Les objectifs
Dans ce paragraphe je vous indique des focales équivalentes au plein format (35 mm). Si vous utilisez un reflex APS-C dont le capteur est plus petit, appliquez un coefficient multiplicateur pour trouver la focale équivalente (1,5 pour un Nikon et 1,6 pour un Canon). Par exemple la focale équivalente à un 24 mm plein format sera de 16 mm pour un Nikon APS-C et 15 mm pour un Canon APS-C.
L'utilisation d'objectifs grands angles, voire d'ultra grand-angle (en dessous de 20 mm) est courante pour des prises de vue intérieures et extérieures, mais ces focales ne sont pas sans conséquences sur le rendu final (distorsion, déformation et étirement de l'image).
Il est courant de choisir une focale en fonction de l'angle de vue et du recul disponible pour cadrer son sujet, ce qui aboutit souvent à des images déformées. Ces déformations ne sont pas directement liées à la focale mais à la distance entre l'objectif et le sujet photographié. Les focales courtes permettant de s'approcher du sujet, les déformations sont accentuées.
Je préfère choisir ma focale en fonction des perspectives et des proportions que je souhaite obtenir. J'ajuste ensuite mon cadrage soit en me déplaçant, soit en utilisant un objectif à décentrement, ou bien en réalisant des panoramiques.
En photographie intérieure, je travaille essentiellement avec un objectif 16-35 mm pour les plans larges et un 50 pour les détails. Certains préfèrent l’utilisation de focales fixes, avec ou sans décentrement.
En photographie extérieure, le choix de la focale se fera également en fonction du résultat souhaité, sachant que les courtes focales étirent et accentuent les perspectives alors que les longues focales les compressent. J’utilise le plus souvent un Canon 17mm à décentrement avec une bague d’adaptation et parfois un Nikon 24mm à décentrement pour les plans larges. Pour les détails, un 24-70 ou un 70-200 permettent de saisir des éléments de façades.
Je reviendrai en détail sur ce sujet dans un prochain article consacré à la composition et au cadrage.
Le trépied
Le trépied est un accessoire indispensable pour les prises de vue d'architecture et ce pour 2 raisons.
La première est liée à la profondeur de champ attendue. Il est courant d'utiliser un objectif grand angle et de régler son ouverture entre f/8 et f/11 pour obtenir une zone de netteté étendue. En prise de vue intérieure, le manque de lumière va entraîner une réduction de la vitesse d'obturation qui ne pourra éviter les flous de bougé.
La deuxième raison est que dans des conditions d'écarts de luminosités présents dans une scène à photographier, il sera souvent nécessaire de réaliser plusieurs prises de vue à des expositions différentes pour capter l'ensemble de la plage dynamique de la scène.
Vous pouvez très bien démarrer avec un trépied moyen de gamme combiné à une rotule équivalente.
J'utilise un trépied carbone Vanguard Alta Pro 253CT, stable et léger pour le transport, ainsi qu'une rotule Manfrotto 410 à réglage micrométrique pour un positionnement précis de mon boitier.
En résumé, pour démarrer la photographie d'architecture, un appareil offrant le contrôle de l'ouverture, équipé d'un objectif de 24 mm complété par un 50 mm montés sur un trépied moyen de gamme permettront de réaliser la quasi-totalité de vos prises de vue.
Pour des prises de vue immobilières, une focale entre 16 et 20 mm pourra être nécessaire.
Le matériel optionnel
Boîtier
Pour une utilisation professionnelle ponctuelle, un appareil hybride ou un reflex APS-C vous permettra de réaliser des photos de qualité.
Pour une utilisation professionnelle soutenue, le passage au plein format bien que n'étant pas obligatoire vous permettra de réaliser des images de qualité et des impressions optimales jusqu'au format A3, et de profiter de la focale minimum des objectifs à décentrement.
Les objectifs à bascule et décentrement
Optionnels pour une pratique occasionnelle, ces objectifs s'avèrent quasi-indispensables en photographie professionnelle. Egalement appelés Tilt-Shift, ces objectifs permettent de décentrer (Shift) ou basculer (Tilt) l'axe de l'objectif par rapport au capteur. La fonction de décentrement est très utile en prise de vue intérieure pour recadrer une scène en conservant une perspective ou pour réaliser des panoramiques.
En photographie extérieure, lorsque l'on photographie un bâtiment de grande hauteur sans possibilité de recul, l'objectif à décentrement va permettre de déplacer l'axe de prise vue verticalement sans avoir à basculer son appareil vers le haut pour éviter des verticales fuyantes.
La fonction de bascule peut être utilisée pour réduire ou augmenter à l'infini la profondeur de champ ou créer des effets de miniatures.
Je consacre un article sur l'utilisation des objectifs à bascule et décentrement en photographie d'architecture et d'architecture intérieure.
J'utilise régulièrement un objectif Nikon 24mm à décentrement pour mes prises de vue d'architecture intérieure. Ne disposant pas de mise au point automatique, cet objectif oblige à faire une mise au point manuelle rigoureuse, ce qui dans le cas de prises de vue intérieures où la zone de netteté doit être maîtrisée est une contrainte positive.
Je dispose également d'un objectif Canon 17 mm à décentrement monté sur un boitier Canon plein format pour des prises de vues essentiellement en extérieur et parfois en intérieur.
Si vous envisagez l'utilisation d'un objectif à décentrement, assurez-vous de pouvoir l'adapter au boîtier que vous avez choisi. Nikon et Canon proposent leurs propres objectifs à décentrement (19, 24, 45, 85 mm pour Nikon, et 17, 24, 45 et 90 mm pour Canon). Vous pouvez adapter un objectif Nikon sur un boitier Canon mais non l'inverse. Vous pouvez également adapter avec une bague spécifique des objectifs Nikon et Canon sur d'autres marques. Samyang propose également un objectif 24 mm à décentrement abordable mais de qualité inférieure.
Pilotage à distance de votre boîtier
L'utilisation d'une tablette ou d'un smartphone apporte un confort de travail et un gain de temps très appréciable.
La prévisualisation sur tablette permet de travailler sa composition et son cadrage pour un résultat abouti dès le 1er déclenchement.
Le pilotage à distance facilite également le positionnement de votre appareil dans des espaces difficiles d'accès.
Lors de prises de vue avec des éclairages additionnels, le déclenchement à distance permet de se déplacer dans la scène pour repositionner ses lumières ou des objets sans avoir à revenir vers l'appareil à chaque prise de vue. Il est également possible de réaliser une série de prises de vue en éclairant successivement différentes parties de la scène avec un flash portatif, les différents clichés étant assemblés en post-production.
J'utilise un boîtier Wifi de marque CamRanger connecté par câble USB à mon appareil Nikon ou Canon. Je pilote le tout à partir d'une tablette ou d'un smartphone Samsung sur lesquels est installée l'application Camranger. Ce dispositif fonctionne également avec des configurations iPad.
XSories propose également un boitier Weye-Feye et une application pour smartphone et tablette pour un prix inférieur.
Filtres
J'utilise 3 types de filtres, polarisant pour la gestion des reflets en intérieur comme en extérieur, ND variable et dégradé pour les prises de vue extérieures.
Flashs, gels, pieds et modificateurs de lumière
Il est possible de réaliser des prises de vue intérieures dans pratiquement toutes les conditions d'éclairage sans apport de lumière additionnelle. En faible lumière, l'utilisation d'un trépied et l'absence de sujets mobiles autorise les poses longues pour des résultats optimums.
Dans le cas de forte lumière extérieure, il est peut être cependant difficile d'obtenir une image sans halo autour des fenêtres, et ce malgré la réalisation d'un bracketing d'expositions. Dans ce cas l'apport de lumière additionnelle va permettre de réduire voire supprimer ces halos ainsi que les reflets sur les sols.
L'apport de lumière additionnelle va également permettre de modeler son éclairage, accentuer des textures, travailler des contrastes, simuler un éclairage extérieur, déboucher des ombres.
L'utilisation de flashs combinée à des gels CTO (Color Temperature Orange) et CTB ( Color Temperature Blue) permettront de réaliser des prises de vue dans des conditions de plages dynamiques extrêmes et d'équilibrer votre balance des blancs en réduisant ainsi considérablement le travail de post-production.
Pour photographier de grands volumes, j'utilise 2 flashs studio Elinchrom de 400 Ws facilement transportables.
Pour la majorité de mes séances avec lumière additionnelle, j'utilise en lumières d'appoints des flashs Yongnuo YN 560 IV montés sur des pieds lumières légers et pilotés par un transmetteur Yongnuo YN 560 TX fixé sur mon appareil. La diffusion de lumière se fait soit par rebond sur les murs et plafonds, soit par des parapluies diffuseurs ou parapluies réflecteurs.
L'ensemble de mon matériel hors flashs studio et pieds lumière est transporté dans une valise à roulettes ThinkTank Airport.
Post-production
La post-production étant une étape incontournable en photographie d'architecture, il est aujourd'hui possible d'utiliser Lightroom pour la quasi-totalité du travail de retouche.
Lightroom propose des fonctions d'ajustement d'exposition, de balance des blancs, de couleurs, de saturation, de netteté, de perspectives, de corrections locales, etc.
Lightroom permet également de réaliser des panoramas et des assemblages HDR.
Pour un travail de post-production poussé, Photoshop apporte une palette d'outils permettant un travail totalement maîtrisé par l'utilisateur.
Dans ma chaîne de post-production, je démarre si nécessaire par un dé-bruitage à l'aide de la fonction Prime de DXO Optics Pro, puis j'apporte un premier niveau d'ajustement dans Adobe Camera Raw (Camera Raw n'est autre que le moteur de Lightroom livré avec Photoshop), et je poursuis dans Photoshop pour finaliser mes images et notamment l'assemblage manuel HDR et la correction ciblée de ma balance des blancs.
Conclusion
La photographie d'architecture peut être abordée avec un matériel relativement léger, aussi bien en terme de poids que de prix. Un appareil hybride équipé d'un objectif grand angle, un trépied moyen de gamme, une licence Lightroom pour un budget total de moins de 800 €.
Pour plus de confort et de rapidité il sera possible de s'équiper d'accessoires complémentaires.
Enfin, pour une pratique professionnelle expert, l'utilisation de boîtiers et d'objectifs adaptés ainsi que l'utilisation de lumières additionnelles et la maîtrise de la chaîne de post-production aboutiront à un travail de grande qualité.
Comme dans toute pratique photographique et quelque soit la qualité du matériel utilisé, ce qui fera vraiment la différence dans vos images sera la maîtrise de la composition, du cadrage et de la lumière, sujets des prochains articles sur le blog de la photographie d'architecture.
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